J'ai compris que ça coinçait vraiment dans l'immobilier lorsque, à deux jours de noël, j'ai vu les salariés d"une agence immobilière de mon quartier parisien affiliée à un célèbre réseau, démarcher sous la pluie les passants en leur offrant des chocolats histoire qu'ils jettent un oeil sur leurs offres de F3 à 600.000 euros.
Depuis la rentrée les multiples déclarations des professionnels du secteur le confirment. Il n'y a plus de nouveaux entrants sur le marché de l'immobilier et les transactions se limitent entre ceux qui sont déjà proprios.
Jean-François Buet, président de la FNAIM estime à 10.000 le nombre de pertes d'emploi dans le secteur. Tout aussi difficile à quantifier qu'il est difficile de définir depuis 15 ans qui est agent immobilier ou non, la bulle que chacun croyait gonfler pour l'éternité ayant attiré un bel assortiment d'opportunistes.
Toujours est-il que les agences qui vivent à la commission doivent booster les transactions pour survivre. Si les agences ne peuvent plus jouer à la hausse avec leurs clients, elles vont mécaniquement les inciter à la baisse. C'est ce que nous sommes en train de vivre et cela devrait renforcer la chute des prix que l'on commence à constater un peu partout sur le territoire.
Exemple le plus marquant de ce retournement. l'agence Orpi organise ce qui s'apparente à des "soldes" sur les deux tiers des biens qu'elle a en dépôt, soit environ 60.000 logements.
Selon le PDG du groupe, Bernard Cadeau, Orpi va proposer à ces proprios une révision du prix de vente de leur bien entre 5% et 15%. Une façon de stimuler les transactions (qui ont baissé de 16% chez Orpi en 2012), en se substituant aux aides de l'état auxquelles les acheteurs s'étaient habitués.
Pour Bernard Cadeau, le blocage des prix est lié à la gourmandise des propriétaires. J'y vois aussi la matérialisation la plus flagrante du décalage de niveau de vie entre les générations. Les standards et le standing des baby-boomers correspondant de moins en moins avec la réalité comptable et matérielle de leurs enfants et petits enfants. Et la tendance n'ira qu'en s'accroissant les dix prochaines années.
Pour les contrats en exclusivité, Orpi s'engage à accomplir la vente dans les trois mois à ce prix minoré. Dans le cas contraire, le propriétaire sera indemnisé d’un montant entre 3 et 5.000 euros via l'assureur du groupe. Quand on commence à jouer avec le feu en vitrine, c'est que l'incendie est déjà bien parti en cuisine.
Problème pour monsieur Cadeau (ça ne s'invente pas), les prix ne sont pas surélevés de 5 à 15%, mais plutôt de 30 à 60% suivant les zones et le revenu moyen.
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